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vers des actions
qui concerneraient exclusivement les personnes âgées : dans
le mot
intergénération, il y a forcément l'idée de partenariat entre
plusieurs
générations et il
est impératif que toutes les générations correspondant à
tous les âges de
la vie soient associées à ces projets. On a trop souvent le
sentiment que les
seules générations impliquées sont seulement d'une part
les enfants en bas
âge scolarisés et de l'autre, les personnes âgées, le plus
souvent
d'ailleurs
dépendantes et institutionnalisées. Comme si
l'intergénérationnel ne
se déclinait qu'aux deux bouts de l'existence vitale.
On est même
parfois surpris de constater l'absence ou le manque total de
visibilité des
classes d'âge intermédiaires, les adultes au sens restreint du
terme, c'est-à-dire
les actifs qui sont pourtant souvent présentés comme les
seuls acteurs qui
comptent, notamment sur le plan économique. Or, c'est pour
cette même raison,
parce qu'ils détiennent les leviers du pouvoir et les clés
des coffres,
qu'ils devraient être présents dans tous les aspects de
l'intergénérationnel.
Sinon, ce serait donner raison à ceux qui pensent que
l'intergénérationnel se
résume à n'être qu'un gentil dérivatif pour personnes
isolées, et
finalement un simple "gadget d'animation" pour maisons de
repos.
- un principe de
réciprocité : les actions intergénérationnelles ne doivent pas
être à sens
unique, orientées exclusivement vers les personnes âgées qui
seraient en
quelque sorte les bénéficiaires principaux de ces activités en
termes de services
ou d'attentions diverses qui leur seraient prodiguées. Bien
sûr, les
problèmes posés par le vieillissement démographique
tiennent
principalement à
la montée en puissance des seniors, parallèlement à la
diminution des
jeunes, mais il serait potentiellement dangereux que les
transferts
intergénérationnels soient dirigés en faveur des seules personnes
âgées. Les images
négatives de cette catégorie véhiculées dans nos sociétés et
les processus de
marginalisation et de dévalorisation dont les personnes
âgées sont
victimes, sont probablement dus en grande partie au fait que les
flux
intergénérationnels de richesses (au sens large : monétaires, matériels,
services, …) tels
qu'ils sont notamment objectivés par la comptabilité
nationale,
apparaissent à beaucoup d'observateurs comme dirigés
principalement des
classes jeunes et adultes vers les classes âgées. Et, c'est
bien le cas, si
on observe les transferts liés à la sécurité sociale, dont les
branches
"pensions" et "maladies" représentent une grande
partie des
budgets disponibles
qui profitent largement aux retraités.
Pour corriger cette
mauvaise impression, il faudrait qu'une nouvelle forme de
comptabilité
sociale intergénérationnelle soit mise en place qui tienne compte
de tous les
transferts de richesses, matériels et immatériels, et notamment
ceux non
monétarisés, qui vont des générations âgées aux générations jeunes
et adultes sous
forme de multiples services et donations, aussi bien à travers
l'aide à la
construction et à l'achat de biens durables, ou au financement des
études des petits
enfants, qu'à travers le gardiennage des enfants en bas âge
ou l'entretien de
la maison, le jardinage, la cuisine, le voiturage, etc.