English

Accueil

Le professeur d'histoire économique Jacques Brasseul citant mon livre Le Secret de l'Occident (édition 2007) dans son ouvrage Histoire économique de l'Afrique tropicale paru en août 2016 (raccourci). J.Brasseul présente dans cet ouvrage une vision d'ensemble de l'histoire économique, plutôt mal connue, du continent africain au sud du Sahara.

Jacques Brasseul: Histoire économique de l'Afrique tropicale – des origines à nos jours, Armand Colin, 24 août 2016, 366 pages.

Copie de sûreté des versions internet: mai 2020. Source.
Théorie de la Science

Cosandey







Jacques Brasseul:
Histoire économique
de l'Afrique tropicale,
des origines à nos jours


Armand Colin, Paris
24 août 2016.







Résumé
4e PAGE DE COUVERTURE

L’histoire de l’Afrique, malgré la richesse des publications depuis les années 1960, reste méconnue, à l’exception de certains points souvent abordés par les médias comme la préhistoire, les empires du Sahel, les siècles de traite, la colonisation et bien sûr l’évolution depuis les Indépendances.

Pour le reste, qui a une idée en Europe de l’expansion bantoue par exemple, qui a duré plusieurs millénaires et constitue une des plus grandes migrations de l’histoire, et une véritable révolution économique ? Qui connaît le phénomène du Mfecane en Afrique australe ? Ou les Djihads qui ont balayé l’Afrique occidentale au XIXe siècle ?

Apporter sa pierre à l’édifice d’une meilleure connaissance est le but de cet ouvrage. L’auteur, économiste, est spécialisé en histoire économique et en économie du développement ; il a vécu une dizaine d’années en Afrique et s’est inspiré des travaux des grands maîtres africanistes, en Afrique même, en France et dans le monde anglo-saxon essentiellement.

Depuis l’école des Annales entre les deux guerres, avec des pionniers comme Marc Bloch, Lucien Febvre ou Fernand Braudel, les aspects économiques occupent une place majeure dans les travaux des historiens, bien loin de l’histoire méthodique, c’est-à-dire politique, événementielle, caractérisant le XIXe siècle. L’économie ne peut être détachée de l’histoire car il s’agit de la façon dont les hommes vivent, et survivent.

Ce travail mêle les deux, aspects économiques et faits historiques. Il aborde les caractères généraux du continent, puis le traite chronologiquement des origines à la période actuelle.




pages 54-57
Citation -- pages 54-57

Chapitre 1:   Africa

(...)

Science et techniques, architecture (p.54)

Les Européens ont dominé l’Afrique depuis le XVe siècle, d’abord avec la traite, puis avec la colonisation, parce qu’ils disposaient de navires plus puissants et de boussoles, d’armes à feu, de canons, de machines diverses, des multiples usages de la roue, de l’écriture et de l’imprimerie pour produire des cartes, des livres et toute la paperasserie administrative, enfin de grands Etats organisés, bref de techniques et d’institutions plus efficaces.

Mais pourquoi cela n’a-t-il pas été l’inverse, pourquoi les Africains n’ont-ils pas été à l’origine de ces techniques et n’ont-ils pas envahi et annexé l’Europe ?

C’est la question que se pose Jared Diamond dans les chapitres 13 et 19 de son livre, chapitres consacrés aux techniques (13) et au continent africain (19). La question est posée de façon plus détaillée avec le cas de l’Empire inca : pourquoi est-ce Pizarre (avec 168 soldats !) qui est allé renverser Atahualpa en 1532 et non pas ce dernier qui est allé conquérir l’empire de Charles Quint ? La réponse de l’auteur a été développée plus haut dans ce chapitre, elle repose essentiellement sur la géographie des continents, leur disposition suivant un axe est/ouest (facilitant les échanges) ou nord/sud (les rendant plus difficiles).

Une autre explication est celle de David Cosandey, reposant sur les conditions naturelles, et surtout maritimes. Cet auteur suisse voit dans la primauté technique et scientifique européenne un déterminisme géographique, ou plutôt « thalassographique ». Il suffit de comparer une carte de l’Europe occidentale avec celle des autres grandes aires culturelles pour constater un découpage extrême des côtes qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, à l’exception de régions moins propices au peuplement pour des raisons diverses (Indonésie, Philippines, Caraïbes, ou nord-est du Canada).

Différentes mesures mathématiques sont utilisées par l’auteur pour évaluer la thalassographie d’une région, dont la plus simple est « l’indice de marinité » : superficie des péninsules et îles en pourcentage de la superficie totale (56% en Europe, 3,6% en Chine, 3,1% en Inde, 1% dans le monde musulman et en Afrique subsaharienne).

L’Europe est une « péninsule de péninsules » largement pénétrée par la mer, possédant même plusieurs mers intérieures (Méditerranée, Baltique, mer Noire).

Le résultat a été double au cours des siècles : une facilité des échanges (la mer étant pendant longtemps le plus économique moyen de transporter des hommes et des marchandises) et donc une division du travail qui favorise la croissance économique ; une division politique stable, parce que la présence de frontières naturelles à une échelle limitée permet la formation de nations (l’Europe restera divisée politiquement, contrairement par exemple à la Chine, empire unifié et centralisé pratiquement tout au long de son histoire).

La rivalité politique favorise l’essor des sciences et des techniques, les différents États cherchant toujours un avantage sur les autres dans les conflits du continent, tandis que la prospérité économique, donc l’existence d’un surplus, permet de financer une classe d’inventeurs et de savants.

On a donc là une explication du progrès technique et scientifique (voir schéma) à l’origine de l’essor européen, essor où le capitalisme de marché n’aurait pas le rôle essentiel, sauf celui de permettre les innovations, et non d’en être la cause profonde.

La diffusion de la technologie est évidemment plus rapide sans obstacles géographiques, c’est ce que nous rappelle encore Diamond en prenant l’exemple de la Tasmanie, complètement isolée, et donc désavantagée, et de l’Islam, entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique, bénéficiant d’apports divers :

« Les sociétés les plus accessibles à la réception des inventions par diffusion sont celles appartenant aux plus grands continents. Dans ces sociétés, la technologie s’est propagée le plus rapidement, parce qu’elles bénéficiaient non pas seulement de leurs propres inventions, mais aussi de celles des autres sociétés. L’Islam médiéval, par exemple, placé au centre de l’Eurasie, recevait les inventions de l’Inde et de la Chine, et héritait des connaissances des anciens Grecs. »


Schéma résumant la théorie de Cosandey (2007) sur l’essor des sciences et techniques






En outre, l’essor des différentes techniques anciennes, comme la poterie ou le tissage, qui remontent aux temps néolithiques, est lié à la sédentarisation elle-même conséquence de l’agriculture. En effet, les peuples de nomages, chasseurs-cueilleurs, ne peuvent emmener avec eux dans leurs pérégrinations que l’essentiel, « des armes, les nourrissons, et le strict minimum indispensable assez léger pour être porté, certainement pas des poteries, des céramiques, des imprimeries ou des métiers à tisser ; seuls des peuples sédentaires peuvent accumuler des possessions non transportables. »

(...)





Créé: 24 mai 2020 – Terminé: 24 mai 2020