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Le prof. Federico Ferretti de l'Univ de Genève (Suisse), citant Le Secret de l'Occident (2007), dans un article sur la Chine de 1880 (et comparée avec le monde occidental) vue par le géographe français E.Reclus (raccourci).
Federico Ferretti: "De l'empathie en géographie et d'un réseau de géographes : la Chine vue par Léon Metchnikoff, Élisée Reclus et François Turrettini", Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], article 660, 13 décembre 2013, 295 pages)

Autres articles du même auteur sur ce site:
–Federico Ferretti:  Recension du Secret de l’Occident : vers une théorie générale du progrès scientifique (2007)   (02 déc 2008)
–Federico Ferretti:  Articolazione costiera ed egemonia europea nella geografia del XIX secolo   (01 jul 2009)
–Federico Ferretti:  Thèse de doctorat "L'Occident d'Elisée Reclus"   (14 fév 2011)
–Federico Ferretti:  Article 4: La Chine de 1880 comparée à l'Occident, par E.Reclus   (13 déc 2013)        ICI

Copie de sûreté du document internet: janvier 2017.
Source 1 (Cybergeo). Source 2 (Uni GE). Document pdf.
Théorie du miracle européen

Cosandey





660
De l'empathie en géographie et d'un réseau de géographes : la Chine vue par Léon Metchnikoff, Élisée Reclus et François Turrettini


FERRETTI, Federico


Résumé/Abstract

En 1881, dans une lettre à son collègue Paul Pelet, le célèbre géographe Élisée Reclus explique que, pendant la rédaction du volume VII de sa Nouvelle Géographie universelle consacré à l’Asie orientale, il se préoccupe d’abord de comprendre le point de vue des cultures qu’il analyse : « Je deviens Chinois », affirme-t-il. Dans cette tâche, il est aidé par deux passeurs culturels assez influents à cette époque dans le domaine des études sur cette région. Il s’agit du géographe et anarchiste russe Léon Metchnikoff et du sinisant genevois François Turrettini. En partant de l’analyse de ce réseau original de sociabilité scientifique et en abordant ensuite les textes reclusiens sur la Chine, nous interrogeons la construction de ce pays en tant qu’objet géographique de la part des premiers scientifiques de cette époque qui ont essayé d’appréhender les peuples extra-européens sur un plan de parité. En effet, ils abordent les différences culturelles d’après une méthode qu’on pourrait appeler aujourd’hui « empathique », plutôt que par l’affirmation d’une supériorité européenne préconçue. En plus, ces géographes sont déjà très attentifs à la dynamique démographique et économique de la Chine, en arrivant à prévoir, pour les décennies successives, le redimensionnement de l’Europe et l’essor du scénario du Pacifique d’un point de vue qu’on appellerait aujourd’hui « géopolitique ». Comme Reclus l’écrit en 1885 dans une lettre adressée à Pierre Kropotkine, les peuples que les ethnographes de l’époque définissaient comme « non-Aryens », et en particulier les Chinois, « ne sont pas des quantités négligeables ».

In an 1881 letter to his colleague Paul Pelet, the geographer Éliseé Reclus explains that, during the redaction of the 7th volume of his Nouvelle Géographie Universelle consecrated to Oriental Asia, he tries first to understand the viewpoint of the cultures he deals with: “I become Chinese”, he writes. In this task he is assisted by two cultural transferors, rather influent at that time in the field of the “oriental” studies, like the Russian geographer and anarchist Léon Metchnikoff and the Geneva sinologist François Turrettini. First, we analyse this original scientific network, and then we deal with the Reclus’ texts on China, to rethink the construction of this country as a geographic object, in the works of the first European scientists who tried to apprehend Extra-European peoples on a plan of parity. They deal with cultural differences according to a method which we can call today ‘empathic’, without stating a preconceived European superiority. Moreover, these geographers are already very attentive to the economic and demographic dynamics of China, foreseeing for the following decades the reshaping of Europe and the ‘geopolitical’ rising of the Pacific’s scenario. As Reclus writes in 1885 in a letter to Peter Kropotkin, the peoples that the ethnographers called at that time ‘non-Arians’, including Chinese people, “are not negligible quantities”.


Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Épistémologie, Histoire de la Géographie, Didactique, document 660, mis en ligne le 13 décembre 2013
http://cybergeo.revues.org/26127 DOI: 10.4000/cybergeo.26127.



Introduction

          
1           
Depuis quelques années l’attention des géographes européens, comme celle de tous ceux qui s’occupent de questions économiques, diplomatiques et sociales (aucune discipline scientifique ne peut se considérer comme étrangère à cette démarche), se tourne toujours plus en direction de la Chine. La géographie française a souvent compté sur des spécialistes de cette aire géographique : la dernière des grandes Géographies universelles francophones a vu notamment la collaboration de Pierre Gentelle (1933-2010) pour son volume sur l’Asie orientale (Gentelle et Pelletier, 1994). Dans les années suivantes, des nouvelles contributions ont mobilisé à ce sujet un ample spectre de questions allant des problèmes économiques et sociaux de la transition chinoise jusqu’à la géopolitique (Sanjuan, 2008 ; Sanjuan et Trolliet, 2010). L’un des indicateurs de cet intérêt grandissant est l’édition de 2013 du Festival International de la Géographie, complétement consacrée à la Chine (1).

      1 Voir le site http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/
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Un problème qui se pose souvent pour ces recherches est celui de l’appréhension des différences culturelles, notamment par rapport à l’émigration ; l’histoire de la géographie nous donne des éléments originaux et très actuels à ce sujet, concernant les entreprises géographiques d’Élisée Reclus (1830-1905) et de ses collaborateurs. Si on ne peut pas proprement parler de « géographie française », car ce réseau était composé de Français, Suisses et Slaves basés pour la plupart en Suisse romande, il s’agissait en tout cas d’une production géographique francophone, qui jouissait à cette époque d’une vaste circulation.

3           
La littérature sur Élisée Reclus a véhiculé, pendant longtemps, le cliché romantique du géographe « maudit », savant isolé qui aurait rédigé tout seul (Ferras, 1989, p. 1) son ouvrage encyclopédique, la Nouvelle Géographie universelle (ci-après NGU), incarnant de cette manière « le personnage du géographe héroïque » (Lafaille, 1989, p. 447). La littérature plus récente, qui a connu un véritable rebondissement suite aux colloques de Lyon, Montpellier, Mexico et Milan de 2005 (Schmidt di Friedberg, 2007 ; Bord et alii, 2009 ; Capron et alii, 2011), s’accompagne d’un renouveau méthodologique questionnant le stéréotype de Reclus en tant que géographe « isolé » (Robic, 2006 ; Ferretti, 2012). D’abord, on a démontré qu’Élisée Reclus n’était ni isolé ni complétement exclu par rapport à l’institution universitaire : en effet, il était au centre d’un réseau international de collaborateurs bien insérés dans les lieux de production du savoir géographique de leur époque, dont plusieurs sociétés savantes et surtout des grands éditeurs comme Hetzel et Hachette. Ce dernier organisait de facto la première agence de production de la géographie française avant son institutionnalisation académique : dans ce cadre, des entreprises comme la NGU se configurent en tant que travaux collectifs (Ferretti, 2010).

(...)           
(.....)


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Ce volume (à savoir, le volume VII "L'Asie orientale" (1882) de la "Nouvelle Géographie Universelle" d'Elisée Reclus) consacre 630 pages à la Chine (comprenant la Mongolie et la « Mandchourie chinoise »), 182 au Japon et 38 à la Corée. Si l’effort d’accéder aux sources originales à travers Metchnikoff est important, Reclus puise aussi abondamment dans la littérature géographique disponible à l’époque sur ces régions, notamment les ouvrages en allemand de Carl Ritter et Ferdinand von Richthofen. Il s’inspire aussi d’un des premiers ouvrages qui essayent d’analyser la civilisation européenne et la civilisation chinoise d’après une démarche comparative, notamment La Chine et l’Europe (1867) du républicain fédéraliste Giuseppe Ferrari (1811-1876), considéré comme l’un des représentants du courant libertaire du Risorgimento italien.

Fig. 1 : Carte manuscrite de Léon Metchnikoff, BGE, Département des Cartes et Plans, tiroir « Extrême Orient »



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Du point de vue méthodologique, le principe de l’empathie est exprimé très clairement dans les lettres que Reclus adresse à Paul Pelet, écrivain, saint-simonien, politologue et ensuite cartographe et collaborateur d’Hachette (Singaravélou, 2011, p. 241). Reclus entretient avec lui une longue correspondance dans les années 1880, en lui écrivant en 1881, pendant la fabrication du volume VII de la NGU : « Je relis ma carte. Grâce à votre sagacité vous en avez peut-être compris la fin. Mais j’y vous prouve que je suis pénétré de mon sujet : je deviens Chinois. » [7] L’effort constant de s’identifier avec l’Autre est sans doute l’un des aspects les plus originaux de cette géographie par rapport aux sciences coloniales de l’époque.

7 BNF, DM, NAF, 16798, f 6, Lettre d’É. Reclus à P. Pelet, 6 janv. 1881.
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Dans son aperçu géographique de l’Asie orientale, Reclus revient sur l’un des principes qu’il emprunte chez ses deux principaux maîtres de géographie, Ritter et Strabon, c’est-à-dire l’appréhension des articulations littorales comme étant l’un des moteurs des échanges qui ont favorisé pendant certaines époques, notamment l’Antiquité, le passage de savoirs et de techniques au sein du bassin de la Méditerranée (Brun, 2012 ; Lefort, 1994).

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En affirmant ensuite l’importance, pour l’histoire de l’Europe, des obstacles naturels « qui, en empêchant la centralisation politique, tout en permettant les relations de pays à pays, ont maintenu l’initiative des peuples de l’Occident » (Reclus, 1882, p. 3-4), Reclus anticipe une démarche qui a suscité beaucoup de débats dans les dernières années autour des ouvrages de Jared Diamond et David Cosandey (Cosandey, 2007 [et 1997] ; Diamond, 1997). Ces auteurs expliquent par le morcellement politique de l’Europe, empêchant qu’un pouvoir unique étouffât les efforts de la science et de la pensée, la position d’avantage scientifique et technologique dans laquelle les puissances européennes se sont trouvées lors de la première mondialisation entre les 15e et les 16e siècles. Un récent ouvrage de Robert Kaplan (2012) vient de relancer ce débat.

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Reclus observe que l’Asie orientale présente des formes bien plus compactes que le monde qu’il définit comme « occidental » (qui ne se limite pas à l’Europe, comme on vient d’expliquer) :
En comparant l’Asie Orientale au monde occidental, on voit combien la Chine proprement dite se distingue de l’Europe par l’unité géographique […] combien plus distinctes et plus individuellement constituées sont au contraire les diverses contrées du monde occidental, de l’Asie Mineure à l’Angleterre et à l’Irlande ! […] Ne sont-ce pas là autant d’individualités géographiques ayant dû élaborer chacune leur civilisation spéciale ? (Reclus, 1882, p. 3)

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Mais cette articulation, chez Reclus, n’est pas un monopole de l’Occident, car on peut l’appréhender relativement à plusieurs périodes historiques et à plusieurs échelles géographiques. La Chine, affirme-t-il, a joui à sa manière des avantages littoraux :
Les fleuves suppléent partiellement à la mer : si l’ensemble de la Chine proprement dite est d’un pourtour peu dentelé, les grands cours d’eau navigables qui l’arrosent et la divisent en îles et presqu’îles intérieures par leurs ramifications et leurs canaux, lui donnent quelques-uns des avantages que possède l’Europe pour la facilité des communications : le Yangtze-kiang, le Hoang-ho ont remplacé la mer Égée et la mer Tyrrhénienne pour le transport des denrées et des hommes, et servaient de la même manière au rapprochement et à la civilisation commune des populations (Ibid., p. 2-3).

Nota: Certes, mais à trop vouloir voir du pareil partout, Reclus se voilait la face sur les différences, énormes!... Les fleuves n'apportent pas une aussi bonne frontière naturelle pour permettre aux Etats de se consolider et de durer des siècles... (cf. p.508 et p.518 du Secret de l'Occident (2007, 2008).
39           
La métaphore méditerranéenne ne s’arrête pas là et ne se limite pas à la Chine, car la démarche comparatiste et « empathique » de Reclus le pousse à voir beaucoup d’Europe dans l’Asie orientale, et vice versa. Il est souvent question dans cet ouvrage de « Méditerranée chinoise » à propos de la Mer jaune ; le Japon est souvent comparé à la Grande Bretagne par sa nature insulaire et par sa vocation à exercer une thalassocratie ; la péninsule de la Corée, d’après un parallèle qu’on retrouve déjà chez Ritter, est comparée (de manière d’ailleurs un peu fantaisiste) à la péninsule italienne,
pour l’étendue et même en partie pour la configuration orographique ; elle est séparée de la masse continentale par des Alpes, le Taipei-chan ou Grande Montagne blanche de la Mandchourie. Elle a aussi ses Apennins (…). En Corée comme en Italie, la côte tournée vers l’orient est uniforme et presque sans indentations, tandis que celle de l’ouest est profondément entaillée de golfes et de baies, riche en îles et en petits archipels ; c’est aussi au large de cette rive que s’étend la mer la plus animée par la navigation : de même que la Corée correspond à l’Italie, de même la mer de la Chine correspond à la mer Tyrrhénienne (Ibid., p. 649).

Nota: Aveuglé par sa recherche de similarités à tout prix, Reclus en oubliait qu'il n'y a aucune raison pour que les qualités thalassographiques de la Chine et de l'Europe soient identiques.
40           
Si Reclus parle d’une civilisation « supérieure » issue des échanges entre les nations européennes, c’est une supériorité d’échelle par rapport à la nation isolée, et non une supériorité morale de l’Europe et de l’Occident. La vraie civilisation supérieure, à son avis, viendra du mélange culturel engendré par ce qu’aujourd’hui on appelle la mondialisation, intégrant les apports de toutes les cultures du globe.
Une chose est certaine, c’est que les nations de l’Orient et de l’Occident sont désormais solidaires (…) ; le monde est devenu trop étroit pour que les civilisations puissent se développer isolément, en des bassins géographiques distincts, sans se mêler en une civilisation supérieure (…) un courant continu se meut de peuple à peuple sur toute la rondeur de la planète, à travers les continents et les mers (ibid., p. 14-15).

41           
Dans ce mouvement de mondialisation, ce ne sont pas les Européens qui jouent le rôle le plus éclairé. « Déjà la puissance des Européens sur le territoire de la Chine s’est révélée par l’occupation temporaire de la capitale et le pillage des palais impériaux ; elle s’est révélée bien plus encore par l’appui que les alliés français et anglais ont fourni au gouvernement chinois contre la rébellion intérieure » (Ibid., p. 12).

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En s’appuyant aussi sur des cartes « thématiques », les considérations stratégiques de Reclus portent ensuite sur le voisin qu’il considère le plus redoutable pour la puissance chinoise, la Russie, qui venait, en vertu de sa supériorité militaire, d’annexer de grands territoires au détriment de la Chine. Cependant, si d’un côté Reclus reconnaît la faiblesse politique et diplomatique de la nation chinoise par rapport à d’autres puissances (parmi lesquelles émergeait le Japon), il exprime une vision bien peu déterministe du Grand Jeu, alors qu’il précise qu’en tout cas, « un changement de système et d’habiles alliances peuvent amener aussi un déplacement d’équilibre dans la force respective des empires » (Ibid., p. 14).

Fig. 2 : Agrandissement de la Russie d’Asie au détriment de la Chine, NGU, vol. VII, p. 10



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Malgré que le pouvoir de l’Europe sur le reste du monde soit proche de son apogée, on est loin du chauvinisme européen exprimé par exemple dans la Géographie universelle francophone précédente, celle de Conrad Malte-Brun, où l’on affirme triomphalement, dans l’édition de 1845 : « bientôt l’Inde britannique et la Russie asiatique se toucheront, et l’immense mais faible empire de la Chine ne saurait résister à notre influence s’il échappe à nos armées » (Malte-Brun, 1845, p. 2).

44           
Reclus, de son côté, expose un tout autre programme.
L’Asie orientale fait désormais partie du monde ouvert. Quels seront pour l’humanité toute entière les résultats de cette annexion d’un demi-milliard d’hommes au mouvement général de l’histoire ? Il n’est pas de question plus grave. On ne saurait donc accorder trop d’importance à l’étude de l’Orient asiatique et de ces peuples ‘jaunes’ qui auront à jouer un rôle si considérable dans le développement de la civilisation future (Reclus, 1882, p. 18)

45           
La longue description des diverses régions du pays pose des problèmes méthodologiques à la géographie régionale de Reclus car l’auteur n’a jamais été en Chine. Certes, il a la possibilité d’accéder aux sources originales grâce à Metchnikoff et Turrettini, mais cela ne [remplace] pas ce qu’on appelle aujourd’hui « le terrain ». Alors, il faut croiser le maximum de sources possibles pour essayer de bien saisir les enjeux des territoires et de leurs sociétés. Un spécialiste de la Chine du siècle suivant comme Pierre Gentelle (8), trace un bilan positif de cet effort reclusien. « Le géographe de terrain que je revendique d’être, pour la majeure partie de mes activités, n’est pas loin de penser que Reclus voyait mieux les choses que les explorateurs scrupuleux qui lui fournissaient les informations indispensables » (Gentelle, 2005).


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Concernant les réseaux et l’exil en Suisse de Reclus et des géographes anarchistes, leur importance semble bien ressortir de l’exemple de l’Asie orientale. Néanmoins, il reste encore beaucoup à travailler, à notre avis, sur les résultats de la rencontre entre des géographes exilés, socialistes et anarchistes, et des géographes suisses, pour la plupart protestants et libéraux, rencontre qui s’est déroulée dans la Suisse de la seconde moitié du 19e siècle, principalement autour des sociétés de géographie de Genève et de Neuchâtel. Les archives de ces deux associations peuvent encore nous parler de la construction géographique d’une vision du monde qui nous semble très originale par rapport à la géographie de son époque et encore utile pour la géographie d’aujourd’hui.


          

RÉFÉRENCES

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Capron G., Icazuriaga Montes C., Levi S., Ribeira Carbó E., Thiébaut V. (dir.), 2011, La geografía contemporánea y Elisée Reclus, Mexico, Publicaciones de la Casa Chata.
Cosandey D., 2007, Le secret de l’Occident : vers une théorie générale du progrès scientifique, Paris, Flammarion, 2e éd.
Diamond J., 1997, Guns, Germs and Steel, London-New York, Norton.
Enckell M., 2009, “Élisée Reclus, inventeur de l’anarchisme”, in Bord J.-P. Cattedra R.,
Creagh R., Miossec J.-M., Roques G. (dir.), Élisée Reclus – Paul Vidal de la Blache : Le Géographe, la cité et le monde, hier et aujourd’hui. Autour de 1905, Paris, L’Harmattan, 39- 44.
Evans M., 2012, “Feeling my way: emotions and empathy in geographic research with fathers in Valparaíso, Chile”, Area, t. 44, n. 4, 503–509.
Ferras R., 1989, Les Géographies Universelles et le monde de leur temps, Montpellier, GIP RECLUS.
Ferretti F., 2007, Il mondo senza la mappa, Élisée Reclus e i geografi anarchici, Milano, Zero in Condotta.
Ferretti F., 2010, “Les Reclus et la Maison Hachette : la première agence de la géographie française ?”, L’Espace Géographique, t. 39, n. 3, 239-252.
Ferretti F., 2011, L’Occident d’Élisée Reclus, l’invention de l’Europe dans la Nouvelle Géographie Universelle (1876-1894), Paris, thèse sous la direction de Marie-Claire Robic et Franco Farinelli.
Ferretti F., 2012, “La redécouverte d’Élisée Reclus: à propos d’ouvrages récents”, Echogéo, n. 21, http://echogeo.revues.org/13173
Ferretti F., 2013, “They have the right to throw us out: Élisée Reclus’ Universal Geography” Antipode, 1, DOI: 10.1111/anti.12006
Ferretti F., Pelletier Ph., 2013, “Sciences impériales et discours hétérodoxes: la géographie d’Élisée Reclus et le colonialisme français”, L’Espace Géographique, t. 42, n. 1, 1-14. Gentelle P., 1981, “De la géographie physique à la géopolitique: Élisée Reclus et l’Asie orientale”, Hérodote, n. 22, 80-93.
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Kaplan R., 2012, The revenge of geography: what the map tells us about coming conflicts and the battle against fate, New York, Random House.
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Créé: 26 fév 2017 – Derniers changements: 19 mar 2020