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Une utilisation fort adéquate de mon livre Le Secret de l'Occident (1997, 2007),
publiée en
(Pseudonyme Collectif, site "Lieux Communs", 07 avril 2012; reproduction d'un texte de G.Fargette publié en mai 2008, et rédigé en mai 2005). Autres articles sur l'espace, le voyage spatial habité et la théorie planétographique:
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Le sens de la nouvelle légende martienne
samedi 7 avril 2012
par Collectif (Texte extrait du bulletin de G. Fargette, Le crépuscule du XXème siècle, n° 18-19-20, mai 2008) Les discours scientistes n’ont cessé d’accompagner le développement industriel depuis le XIXème siècle. Un tel éloge de progrès techniques imminents, et nullement assurés, constitue une version dégradée d’un prophétisme religieux automatisé. Plus cette rhétorique s’éloigne de la réalité et plus cette analogie se renforce [se justifie]. La propagande sur la future conquête martienne, qui a recommencé à enfler depuis quelques années, se fait désormais insistante. La maladresse qui l’accompagne suggère qu’il s’agit avant tout d’une variante caricaturale dans les discours d’auto-suggestion sur le “progrès technique”, le contexte étant tout de même particulièrement défavorable à ce genre de conte technicien. On pourrait s’arrêter là et considérer que l’analyse du délire martien relève au fond d’une analyse entomologique et marginale d’un discours technicien qui ne cesse de lancer des thématiques nouvelles dans l’espoir de retrouver sa jeunesse conquérante (les discours sur la bio-technologie, la génétique, les nano-techonologies, etc., semblent s’essouffler déjà, quelques années à peine après le début de leur déversement public). Pourtant les composantes de la légende martienne, inconsistantes, quand on les prend une par une, comme on va le voir, prennent un sens particulier par le moment de leur formulation publique. Les grains de sable “techniques” Dans la mécanique apparemment bien huilée de cet éloge de la découverte conquérante, une série de grains de sable apparaissent qui sont de l’ordre des faits les plus têtus. Mais la thaumaturgie technicienne laisse toujours entendre qu’il n’est d’impossibilité que momentanée et que de nouvelles inventions aboliront les obstacles. Cette magie technicienne a pour elle l’évidence de certaines réussites passées, qui ont répondu aux élans mythiques antédiluviens de l’espèce humaine (l’acquisition de la possibilité de voler, par exemple). Néanmoins, dans un perspective raisonnée, il suffit de dresser la liste des obstacles à ce jour non résolus pour donner les clés d’une autonomie de jugement sur la question :
Il faudrait en effet qu’ils demeurent plusieurs mois sur le sol martien ou en orbite. On pourrait naturellement rappeler l’effroyable mortalité des vaisseaux d’exploration à l’époque de la Renaissance (il n’était pas rare que les deux tiers d’un équipage y laissent la vie), mais les projets annoncés ne prévoient nullement un tel coût humain, qui serait inacceptable pour les mentalités contemporaines. Et une fusée vers Mars ne pourrait emporter les centaines de passagers qu’embarquaient les vaisseaux de haute mer à l’époque des grandes découvertes. Il ne s’agirait que d’une poignée d’astronautes (on parle de six). Le contexte social-historique Contrairement à ce que sous-entendent les discours convergents qui tissent la nouvelle légende martienne, elle ne constitue pas une simple entreprise technique. Un tel projet s’inscrit nécessairement dans un contexte social et historique qui dicte les champs du possible et de l’acceptable. Ainsi, le rappel de la “course à l’espace” entre 1960 et 1972 permet d’en comprendre les conditions d’existence : la capacité technique ne suffit pas, il faut qu’elle ait un emploi, qu’elle serve une rivalité de prestige entre pôles étatiques concurrents, ou qu’elle satisfasse un enjeu réel de puissance [RECTIF: un enjeu économique réel.] Si, de plus, les zones à aborder renferment des minéraux “précieux” ou jugés “indispensables”, l’effet d’exploration initial peut être relayé par un levier démultiplicateur. La comparaison avec les grandes découvertes (voir Cosandey, avec son dernier chapitre du “Secret de l’Occident”) est convaincante. Que se serait-il passé si le continent américain n’avait pas existé ? Les caravelles ibériques auraient atteint les petites îles de l’atlantique (des Açores au Cap vert) et le développement du commerce [transat]atlantique n’aurait pas eu lieu. Mieux, le surcroît de puissance que l’Espagne a tiré de sa conquête des Amériques ne se serait pas produit. Les Pays-Bas puis l’Angleterre n’auraient pas attiré ces richesses par capillarité marchande, etc. A moins de la découverte d’un minéral miracle sur Mars (ou sur la Lune), ce qui ne s’est nullement avéré, l’entreprise d’exploration interplanétaire n’a pas de sens, [RECTIF: n'obtiendra pas un soutien suffisant et n'aura pas lieu] d’autant qu’il n’existe pas à ce jour de concurrent crédible de l’État américain. Même si l’État chinois voulait d’ici vingt ou trente ans faire acte de rivalité pour le prestige, cette concurrence dispendieuse ne produirait rien de plus que ce qu’a produit la "conquête de la Lune" : une fois que l’une des deux parties a atteint le but, tout s’arrête, faute de combattant. La lutte pour le prestige s’épuise dans le résultat. [RECTIF: quelques bases spatiales fragiles, très éloignées de leurs centres vitaux, comme les bases antarctiques actuelles, et non une zone de colonisation économiquement viable comme l'Amérique du Nord]. L’exploration pour l’exploration n’est qu’un mythe qui convainc [RECTIF: ne convainc qu'] un public imprégné d’un scientisme obtus. Il peut trouver une réalisation pratique à un coût relativement bas, au moyen de véhicules automatiques inhabités. De toute façon, d’un strict point de vue stratégique, seul le contrôle de la proximité de la Terre importe. Et même cela pourrait n’avoir qu’un temps. On oublie, en effet, la pollution cumulative que produisent les débris les plus divers qui hantent les orbites basses et qui finiront par limiter de plus en plus l’évolution des satellites dans ces zones. Le sens de ce délire rationalisant La légende martienne fonctionne comme une invocation magique contre les limites de plus en plus patentes de la planète Terre. Au fond, elle correspond à une réponse de surenchère qui a toujours abouti dans le passé en Occident. Mais cette fois, on ne voit pas comment cette attitude pourrait aboutir. Elle n’induira pas de bouleversement du cadre d’existence et d’action de l’espèce humaine. Ce réflexe correspond à un automatisme qui tente de nier la situation réelle de finitude de l’environnement humain et se réduit à un rituel de conjuration. Paris, le 3 mai 2005 |
Créé: 06 mai 2012 Derniers changements: 21 sept 2013
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