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Un bref exposé de ma théorie du progrès scientifique et du
Secret de l'Occident (2007), alias 西方的秘密, paru en
L'auteur se réfère à la prédiction, de plus en plus courante, selon laquelle la Chine va dominer le XXIe siècle. Il estime que, pour appréhender intelligemment cette prédiction, et pour savoir si la Chine ne va pas décliner à son tour comme l'Occident, il faut comprendre les lois de l'essor et du déclin des civilisations. L'auteur examine donc ce qu'ont à dire sur le sujet Montesquieu, Spengler, McNeill, Needham, Braudel et "Kesangde", concluant que l'analyse de ce dernier mérite réflexion. Lancé en 1966, le "Mingpao Monthly" est spécialisé dans les thèmes académiques et culturels. Il appartient au Media Chinese Group, dont les origines remontent à 1929 en Malaisie. Son grand frère, le "Mingpao Daily News", fondé en 1959 à Hong Kong, qui se targue de sa recherche constante d'un journalisme de haut niveau et de haute tenue, a vu ses efforts récompensés par son élection au rang de "média chinois le plus crédible" par le public hongkongais en 1997, 2001, 2006 et 2009. Copie de la version internet |
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[Résumé de l'article par Gang SONG, enseignant de chinois
à l’Ecole normale supérieure de Lyon, revu par Christophe Brun]
L’auteur de l’article, Yan CHEN, historien et journaliste à la section chinoise de Radio France Internationale (RFI), s'intéresse à l'avenir de la Chine et à la prédiction de plus en plus unanime que le XXIe siècle sera chinois. Il s'interroge sur les conditions nécessaires pour qu'une civilisation gagne ou perde en puissance. Revenant sur une série documentaire diffusée à ce sujet sur les écrans chinois en 2007, il déplore que cette série soit restée fort superficielle, par manque d’une vision d'ensemble qui aurait éclairci les mécanismes à l'oeuvre derrière, notamment, l’avènement de l’Europe comme centre de puissance. Chen passe en revue diverses théories occidentales sur le sujet de l'essor et du déclin des civilisations. Il évoque le déclinisme de Spengler, la thèse du déplacement vers l'ouest du centre économique du monde, attribuée à Braudel, ainsi que la défense de l'Orient par Needham, sans oublier les études d'«histoire mondiale» de McNeill. L'auteur revient ensuite aux explications les plus souvent retenues par les spécialistes. Ainsi, le rôle de l'éthique protestante et du concept des droits dans la naissance du capitalisme, l'importance de l'économie de marché et du développement scientifique comme générateurs de la société industrialisée, la force de la sécularisation d’institutions ecclésiastiques et du régime politique démocratique. Mais, et c'est là qu'intervient sa lecture de Cosandey, l’auteur s’interroge: pourquoi l'économie de marché centrée sur la concurrence n'a-t-elle pu exister et se développer qu'en Europe ? D'où vient la force motrice du développement scientifique en Europe ? Chen souligne alors que Cosandey apporte une nouvelle réponse remarquée. "L'explication que Cosandey apporte à l'essor moderne de l'Occident et à sa domination durable sur le monde se concentre sur deux dimensions: une politique et une économique. Selon lui, la raison fondamentale du développement des sciences en Occident, et donc de son essor, ont été sa stabilité politique et sa prospérité économique." "Mais la stabilité politique dont il est question n’est pas celle, unificatrice et homogénéisatrice, par laquelle on a bien souvent en Chine réprimé toute concurrence et empêché les sciences de se développer. Celle qui stimule le développement scientifique est la stabilité d’une pluralité d’Etats indépendants." "En Europe occidentale, le système des royaumes médiévaux, puis celui des Etats-nations modernes, ont engendré une situation géopolitique tout à la fois relativement stable et très concurrentielle. Cette configuration, combinée à la prospérité économique, a offert les conditions nécessaires au développement scientifique." "Dans toute l'histoire mondiale, seules la Grèce ancienne et l'Europe occidentale moderne ont réuni ces deux éléments. Mais pourquoi? C'est là qu'intervient le second aspect de l'explication de Cosandey: l'élément commun est la géographie, celle de la Grèce et celle de l'Europe occidentale, caractérisées par une multitude complexe de golfes et de péninsules, par l'imbrication des terres et des mers." "Les frontières naturelles fournies par ce profil côtier complexe ont favorisé une relative stabilité (la mer constituant un rempart naturel pour la défense militaire), tout en profitant à l'ouverture commerciale (la mer étant la voie royale du commerce). De ce fait, l'indépendance des Etats partiels est plus aisée, l'unification homogénéisante par un Etat universel est plus difficile à réaliser. Dans une telle configuration géopolitique et culturelle, un Etat puissant a plus de peine à annexer un plus petit, celui-ci ayant une meilleure capacité de résister." "La répartition des ressources devient aussi plus équitable, et la concurrence scientifique et technologique inévitable. Si l'explication de Cosandey par le facteur géographique n'est pas exempte de déterminisme géohistorique, elle doit toutefois nous inciter à réfléchir, à propos du cas européen, à l’idée selon laquelle la concurrence et l'équilibre des forces constituent la force motrice du développement." |
Créé: 19 aoû 2010 Derniers changements: 25 fév 2011
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